jeudi 4 avril 2024

Le jours où je me suis fais stériliser


Avant

On pourrait faire remonter cette histoire à il y a longtemps, au première fois où j’ai entendu parler de vasectomie, mais c’est plutôt il y a un peu plus de 5 ans que j’ai vraiment commencé à y penser.
Comme souvent c’est lors d’une discussion entre amis que le sujet est apparu. Nous étions avec un couple d’amis qui quelques années plus tôt avaient eu leur troisième enfant. Le nombre de trois n'avait pourtant jamais été au programme, mais les médecins leurs avaient appris par la suite que c’est parce que tous les deux ensemble étaient "hyperfertiles".

Alors que nous discutions de cela, mon ami lança d’un air bravache "Bon au moins maintenant ça m’arrivera plus !", et devant notre air interrogatif il ajouta "je viens de faire une vasectomie".

S’en est suivit une conversation entre lui et moi sur le sujet, où il m’a longuement vanté les mérites de ce choix, pour lui qui se sentait en accord avec ce choix définitif, pour eux qui n’avaient plus à avoir peur d’une nouvelle grossesse involontaire et de ses conséquences, pour elle qui était maintenant libéré du poids de la contraception. Et c’est ce jours là que la vasectomie est passée dans ma tête de "Y a des gens qui le font" à "Pourquoi ne le ferais-je pas ?"

C’est vrai ça : pourquoi ? Nous avons nous même déjà trois enfants et aucune envie d’agrandir la famille à nouveau alors pourquoi pas ?

La peur du côté définitif ? Mais pourquoi ? On sait jamais si un jours tu tombe amoureux d’une autre femme ! Non, ça n’y changerait rien au fait que je n’ai plus, moi, envie d’avoir un autre enfant. Donc si jamais je rencontrais une femme qui veux un enfants c’est que déjà il y aurait un problème dans l’attente de notre relation. L’argument n’est donc pas valide.

La peur de l’opération peut-être ? Non, pas de peur à ce niveau, et puis mon ami avait été rassurant sur ce point : deux incisions de chaque côté, un coup de scalpel, deux petits nœuds et on referme avec deux ou trois points de sutures. ça se fait en ambulatoire et ça peut se faire sous anesthésie locale.

Bon bah alors, qu’est ce qui me retient encore ?

Rien ! Tout ! Je ne sais pas !

Et ce fût comme cela pendant quelque temps. L’idée a cheminé tranquillement dans ma psyché, sans vraiment y penser, mais en y repensant de temps à autre.

Et c’est pendant ce temps que mon amie m'apprend qu’elle se sépare de son compagnon de l’époque. Qu’est ce que ça vient faire là dedans me demanderez vous ? Eh bien tout simplement parce que cette amie voulait vraiment un enfant et que je lui avait promis de l’aider si un jour elle en avait besoin. Et moi, mes promesses j’y tiens.

C’est donc comme ça que le temps est passé avec cette décision prise, mais une promesse qui me tenait à ne pas le faire. Mais voilà que mon amie se remet en couple, et là vous allez rire, lui aussi a subi une vasectomie. Mais heureusement pour elle, il a conservé ses gamètes, la question restante étant, voudra-t-il les utiliser avec elle ?

Finalement oui, c’est bon, il est partant. Tout ce temps m’a permis de bien mûrir ma décision, mais aussi de faire un premier rendez-vous chez l’urologue. Il m’a informé, m’a principalement redit ce que mon ami m’avait déjà expliqué, mais il a aussi répondu à des questions que je n’ai pas osé poser. 

"On m’a dit qu’il y avait un risque d’avoir une sensation permanente de coup de pied dans les boules !"

"Alors, je ne vais pas vous mentir, oui c’est un risque qui arrive parfois, mais je fais une vingtaine de vasectomie par mois, et je ne l’ai rencontré qu’une ou deux fois."

Est ce que je dois être rassuré ? ou craindre d’être l’un des très très rares cas ? Et si c’était le cas, comment vivrais-je ça ? Est-ce que j’arriverais à gérer ?

Bon de toute façon à partir de maintenant j’ai 6 mois pour encore réfléchir.

De leur côté, mon amie en est à l'essai de la dernière chance. Je croise les doigts pour elle, et de mon côté je suis libéré de ma promesse. Je reprends donc rendez-vous. Cette fois ce sera pour finalisé et la prochaine fois que je reverrais l’urologue, je serais sur une table d’opération. Ordonnance, marche à suivre, livret d’hospitalisation j’ai tout, c’est bon dans un mois j’y passe.

J-1

Ah oui, c’est demain, je n’arrive pas à intégrer l’information. Pourtant tout est près. Peut être est ce parce que je ne suis pas passé par le CECCOS pour conserver mes gamètes. Le fait d’avoir choisi de ne pas conserver une "possibilité", m’a empêché d'intégrer le fait que ce soit définitif ? A moins que ce ne soit la marque que je suis tellement sûr de moi que je ne me pose même plus de question. Il est maintenant temps de passer à la douche bétadine du soir. le rasage des bourses, c’est bon c’est déjà épilé depuis une semaine, y a rien qui dépasse.

J0

C’est parti, direction la clinique. De peur d'arriver en retard, j’arrive en avance. ça tombe bien, ça me permettra de ne pas stresser. Les formalités remplies je monte pour aller au service ambulatoire. J’y suis accueillie avec le sourire par une infirmière qui me fait patienter le temps de préparer ma chambre. Bon au final, ma chambre ne sera pas libre à temps, je vais donc être mis dans une autre provisoire pour que je puisse me préparer.

J’enlève donc mes piercings, mes bagues, mes bijoux, je me mets totalement à nu avant d’enfiler cette superbe blouse de bloc avec fesses apparentes. Une petite charlotte et des chaussons finiront de me rendre du dernier chic de la mode automne-hiver des instituts médicaux.

Commence l’attente, assis dans le fauteuil en skaï. Heureusement, j’avais prévu mon téléphone portable et une batterie de charge, je peux passer ce temps à regarder mes youtubeurs préférés. Au final, le plus dur n’est pas l’attente, mais la faim, la soif et le manque de nicotine qui commence à me rappeler à moi.

C’est bon, on vient me chercher. Juste le temps de mettre mes affaires dans le coffre et le brancardier m’installe, on rentre les bras à l’intérieur et on descend pour la salle d’op. Mais avant, petit arrêt dans un vestibule, on m’y demande mon nom, ma date de naissance, et ce que je suis venu faire là. On me dit qu’on reviendra s’occuper de moi dans un instant. On revient, on me redemande mon nom et ma date de naissance. Pas moyen pour eux de couper les canaux déférents d’un autre qui venait pour qu’on lui retire sa vésicule biliaire, ça ferait mauvais effet. On m’installe le cathéter dans la veine du bras, on me colle les capteurs cardiaques sur la peau. C’est bon je suis paré.

Tout s’est tellement accéléré en quelques minutes, je suis maintenant allongé sur la table opératoire, l'anesthésiste me branche et me pose un masque à oxygène.

"Ah au fait, je fais de l’apné du sommeil"
"Pas d’inquiétude monsieur, ça ne change rien pour nous, dites mois si vous avez la tête qui tourne monsieur"
"OK"
"Avez-vous la tête qui tourne ?"
"Non ça va"

J’ai maintenant un tuyaux dans la bouche. Un tuyaux !? Mais d’où il vient ? Et puis cette salle ! Je n'étais pas là y a un instant.

"Ah vous êtes réveillé, ne bougez pas je vous enlève ça"

Ah donc ok, c’est donc fini.

"Vous allez bien !? Vous allez resté un peu là et ensuite on vous monte dans votre chambre"

Encore de l’attente. Je ne peux m'empêcher de passer la main sur mon entrejambe, c’est bon tout est toujours là. Je souris de ma propre bêtise.

On vient à nouveau me chercher pour me monter dans ma chambre. On me ramène aussi mes affaires.

"Dans combien de temps je pourrais sortir ?"
"D’ici 1 ou 2 heures normalement. Vous avez bien prévu quelqu’un pour venir vous chercher ?"
"Oui justement c’est pour prévenir ma femme qu’elle n’attende par pour rien. Vous auriez de l’eau aussi j’ai très soif"
"Ah non désolé je ne peux pas vous donner d’eau pour le moment"

Attendre à nouveau, je vais pouvoir regarder la suite de ce que j’étais en train de regarder quand on est venu me chercher.

Une heure plus tard, on me sert enfin un broc d’eau, ainsi qu’un yaourt et un petit gâteau. C’est pas beaucoup mais ça calme la faim et surtout la soif.

C’est bon je peux enfin sortir, il est 19h, je suis rentré à 14h, il n’aura fallu que 5 heures pour que ce soit fait. Pour l'instant je ne sens qu'une petite gêne au niveau des deux pansements qui couvre les incisions. C’est à ce moment-là que mon esprit semble avoir enfin intégré l’information. Oui, ça y est je viens de me faire stériliser. Aucune peur, aucun doute, juste une information nouvelle intégrée.

Pour fêter ça, restaurant en famille. L’occasion de rassurer un peu mes filles. La blague du "je vais me faire couper les boules" a été quelque peu prise au premier degré par la dernière. Je lui explique donc ce qu’il m’a été fait.

"Et voilà maintenant vous ne risquez plus d’avoir de petit frère ou de petite soeur."
"Oh zut ! je n’aurais pas de nouvelle petite soeur à torturer"
"Ah non cette fois-ci ça aurait été mon tour, je n’aurais plus été la dernière".

Éclat de rire à la table, ça va personne ne semble ni choqué, ni inquiet. A part peut être une table autour de nous qui aurait pu entendre la conversation et qui n’aurait pas été au courant de l’humour noir de la famille. Vous connaissez la famille Addams !? Je vous présente nos enfants Mercredi et Pugsley.

Retour à la maison, toujours pas de douleur. Pas encore besoin des doliprane. J'ai juste une sensation de compression avec mon boxer. Je pense que demain vendredi et tout le week-end je n'en porterai pas. Je vais me mettre en pyjama pour finir la soirée.

ça fait du bien, mais à trop être détendu, on oublie, et dans un mouvement sur le canapé, mouvement que j’ai pourtant fait des centaines de fois, mes jambes enserre légèrement mes bourses et ce qui en tant normal aurait été un simple pression, se transforme en la sensation d’une énorme pince plate qui enserre mes tuyaux meurtris. Je contiens tant bien que mal un cri de douleur.

"bah oui faut faire attention ! J'ai pas mal ! J'ai pas mal ! Mais fais gaffe quand même." me dit ma lionne hilare.

Bon ok, cette fois-ci je vais le prendre ce doliprane.

Il est maintenant l’heure d’aller nous coucher. C’est à ce moment sur l’oreiller que la tension de ma lionne se relâche et qu’elle avoue avoir été stressée, je la prends dans mes bras pour la câliner. Nous nous embrassons. Je la sens interdite.

"Tu ne vas pas avoir mal ?"
"Non ça va, on va faire attention."

Premier câlin, tout se passe bien. Il faut juste faire un peu plus attention à la position de mes bourses pour ne pas qu'elles tapent ou se fassent compresser d’une manière ou d’une autre. Première éjaculation, aucune gêne, aucun changement de sensation.

Jusqu’ici tout va bien.

J+1

Première nuit, à part faire attention à la position de sommeil, rien à signaler.

Définitivement pas de boxer pour aujourd’hui. Par contre les doliprane oui. Non que la douleur soit intense, mais elle est là en continue, sourde. Rien d’ingérable, mais assez pour ne pas avoir envie de faire autre chose de la journée que de rester tranquillement allongé devant mon écran.

C’est amusant comment certaines choses anodines auxquelles on ne fait habituellement plus attention, deviennent source d’inconfort. Tel la dernière goutte de pipi, celle qu’on s'évertue à faire sortir, qui en secouant, qui en massant, qui en tordant, chacun a sa méthode personnelle. La méthode utilisée devient tout à coup importante car il ne s’agit pas de tirer sur les fils et la peau incisé pour ne pas avoir à prendre un doliprane de plus.

J+2

Ça tire un peu, ça pince un peu. Ça ressemble à la sensation qu'on peu avoir après s'être coincé un testicule en s'asseyant ou en croisant les jambes. Rien de bien méchant plus une gêne.

Hier j'ai dit à ma lionne "Va falloir qu'on voit pour ma deuxième éjaculation ! Quarante en trois mois ! Ordre du médecin."

Sa réponse : "tu sais te débrouiller tout seul" en me faisant un clin d'œil.

Au final comme je n'avais pas d’envie, je n'ai rien fait, mais ça m'a fait réfléchir. 40 éjaculations en 3 mois, ça fait une tous les 2,25 jours. C'est quand même beaucoup. Je ne sais pas si au final l'obligation ne va pas me bloquer.

J+3

Ce soir, je n’ai toujours pas envie, mais il va falloir. Je suis seul et je n’ai pas d’autre choix que de passer en mode manuel. J’ai du mal à bander, l’obligation se bat contre tout fantasme que j’essaie de suivre. Enfin j’y arrive, deuxième éjaculation, mais sans aucun plaisir cette fois-ci. Je retire la serviette qui m’a permis de me protéger le ventre et m'essuie avant d’aller me rincer au bidet. Mon éjaculat ne semble pas avoir changé de texture ou d’odeur. Toujours normal.

J+4

La vie est belle, tout va bien. Juste une impression de lourdeur dans les bourses, comme si elles pesaient plus lourd qu'habituellement. Jusqu'à hier, aucun sous-vêtement, je ne supportais pas mes boxers. Mais là, j’en ai remis un. l’impression de lourdeur a diminuée, mais c’est au prix d’une sensation de compression. N’ai je donc que le choix entre ces deux possibilités ?

Le parcours à moto du matin pour aller au travail me fait me dire que j'ai bien fait de prendre 4 jours de repos après l’opération. Non pas que ça fasse mal, mais une sensation très désagréable à la descente. Surement les vibrations de la mécanique de la machine qui se transmettent dans le réservoir. J’espère que ça ira mieux ce soir en rentrant.

Le trajet retour s’est bien passé, plus de sensation désagréable à l’arrivée. Mais un doliprane me permettra de penser à autre chose. Cette petite gène n’est pas énorme, mais elle est toujours là, comme un bruit de fond.

Ce soir, j’ai envie. Enfin, ça revient. Est-ce la présence de ma lionne qui me fait cet effet ? Surement, mais comme elle sort de 2 gardes, je vais la laisser tranquille. Et puis la blague des 40, même si elle est fan d’humour de répétition, je ne suis pas certain qu’elle ne finisse pas par en avoir marre. Troisième éjaculation, cette fois-ci mon éjaculat me semble plus liquide. En même temps, ça fait deux soirs de suite, ça n’a rien d’anormal. Je verrais la prochaine fois.

J+5

Le doliprane ne semble plus nécessaire, les mouvements auxquels je dois faire attention me sont devenus familiers. Une nouvelle routine s’installe.

Ce soir ma lionne est montée me rejoindre alors que j’allais me coucher. Non pas pour dormir, mais parce qu’elle avait envie de moi. Tout s’est très bien passé, mélange de douceur et de force que j’aime tant dans nos ébats.

Deuxième câlin, quatrième éjaculation… ça devient fatiguant de tenir les comptes.

J+7

Une semaine déjà. Ce matin, je m’aperçois devant mon café que je n’ai pas pensé à mes parties.
Cela fait deux jours que jei n’ai plus pris de Doliprane. Je m'ausculte. Les tuméfactions au niveau des incisions ont disparu, les fils sont presque complètement résorbés, aucune sensation douloureuse à la palpation. Il semblerait que ce soit fini.
Retour à une nouvelle normalité.